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Mort subite du nourrisson

Une Valise-à-Chérir pour soutenir les parents en deuil


Ecrit le 12/08/2022 par La Rédaction,
Modifié le 12/08/2022

Le Berrefonds est une organisation qui soutient les parents lors de la perte d’un enfant. La fondatrice Christine Vandenhole a perdu, elle-même, il y a quinze ans, son premier fils Berre*. Elle pense qu’il faudrait offrir plus de soutien aux parents dans cette situation. « Nous sommes présents aussi bien pour les parents qui ont perdu leur enfant durant la grossesse, ou peu après la naissance, que pour les parents qui ont perdu un enfant jusqu’à douze ans », nous dit Christine.

« Je suis partie de ma propre expérience, après la naissance de notre premier enfant qui avait une malformation génétique, et après trois mois il a perdu son combat. Nous avons été bien soutenus dans le département où Berre* est décédé, et nous avons reçu quelques souvenirs. En en discutant avec d’autres parents, nous avons remarqué que c’était exceptionnel, et que la plupart des parents repartaient les mains vides. Il s’est avéré qu’il existe une grosse lacune en ce qui concerne les soins et le soutien aux parents en Flandre. Lors de la naissance de notre deuxième fils, nous avons eu la chance d’agir à ce niveau-là. »  

« C’est pourquoi nous avons développé, il y a 13 ans, les Valises-à-Chérir. Ce sont des valises qui sont disponibles dans les hôpitaux ainsi qu’au sein des services de police. Elles peuvent être utilisées par les services de soin ou de secours, afin de soutenir les parents dans le cas de la perte d’un enfant. Chez les bébés, il peut, par exemple, ne pas y avoir de battement de cœur durant un contrôle. En tant que membre du personnel soignant, vous faites de votre mieux, mais finalement ces parents retourneront chez eux les mains vides. Pour les soignants, il n’est pas évident d’offrir le meilleur soutien dans ces cas-là. »

La grande et la petite Valise-à-Chérir

« Nous avons la petite Valise-à-Chérir, pour les enfants qui sont décédés durant les trois premiers mois de la grossesse, jusqu’à 2 à 3 mois après la naissance. Nous en distribuons environ 1.300 par an. Cette valise se concentre sur l’identité, et sur la création de souvenirs concrets, afin que les parents puissent se remémorer leur bébé, et aussi pourvoir partager le souvenir de leur enfant avec leur entourage. Il peut s’agir d’empreintes de doigts, jusqu’à la conservation de cheveux ou d’un bracelet… Toutes les informations sont rassemblées dans la valise, afin de ne pas devoir penser à faire des recherches, ou ne pas regretter plus tard de ne pas y avoir pensé. »

« À côté de cela, nous avons la grande Valise-à-Chérir, pour les enfants décédés avant leurs 12 ans. Nous en distribuons environ 85 par an. Un enfant qui a cinq ou dix ans, a déjà une empreinte sociale plus importante, et les besoins de leurs proches sont différents. Dans cette valise, il y a surtout du matériel pour que la famille et l’entourage puissent être soutenus, des livres d’informations aux livres pour les amis de la classe, dans lequel ils peuvent écrire leurs souvenirs. »

Mot de l’année

« En 2017, le mot « koesterkoffer » (qui signifie « Valise-à-Chérir » en néerlandais), a été choisi comme mot de l’année. Je trouve qu’il s’agit de l’une des plus grandes réalisations, parce qu’il s’agit de la reconnaissance de notre entreprise. Pour l’instant, par exemple, 97 % des maternités flamandes et bruxelloises travaillent avec nos valises. Là où il n’y avait presque rien à l’époque, les Valises-à-Chérir sont maintenant devenues un standard, sur lequel les personnes peuvent compter. »

« Avec le Berrefonds, nous soutenons les parents de plusieurs manières différentes. Nous avons aussi deux foyers d’accueil à Anvers et à Courtrai, où les parents peuvent venir parler de leur histoire, boire un verre, échanger avec d’autres parents dans la même situation, ou travailler en tant que bénévole. De cette manière, ils peuvent donner un sens à la perte de leur enfant, et transformer leur chagrin en quelque chose de supportable. La famille et les amis des parents peuvent aussi se rendre aux journées de rencontre ou aux événements. Ils appellent souvent, également, pour obtenir des informations, par exemple s’ils doivent s’occuper des funérailles pour les parents, et qu’ils ne savent pas par où commencer. De plus, nous donnons également des formations aux membres du personnel soignant, aux enseignants, ou aux étudiants dans le domaine de la santé. »

Des livres pour accompagner les parents en deuil

« Il y a deux ans, nous avons publié le livre : « Het rouwt in jou ». Et le huit mars, paraîtra notre deuxième ouvrage : « Een regenboog in jou » (qui signifie « Un arc-en-ciel en vous » en français). Le premier livre aborde la vie après la perte d’un enfant, et est écrit de manière très accessible, avec des conseils et des témoignages d’autres parents. Le deuxième livre aborde une nouvelle grossesse à la suite de la perte d’un enfant. On appelle souvent ces enfants « arc-en-ciel », c’est pourquoi le titre y fait référence. D’un autre côté, vous voyez, dans une période comme celle-là, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, des teintes sombres jusqu’à des journées très lumineuses, et tout ce qui se situe entre. Attendre à nouveau un enfant à la suite d’une perte, ce sont des montagnes russes émotionnelles, composées d’espoir et d’angoisse. »

« Il y a encore beaucoup de travail qui peut être fait, comme de la sensibilisation dans l’enseignement ou au sein de la société. Notre société doit à nouveau apprendre à ne pas fuir la tristesse. Si vous êtes confronté(e) à une personne en difficulté, osez rester à ses côtés, au lieu de laisser cette tâche à quelqu’un d’autre. À l’avenir, nous aimerions instaurer un foyer d’accueil au sein de chaque province, proche des gens. C’est important, parce que vous exprimez votre chagrin dans votre propre dialecte, et pas seulement en Néerlandais classique. »